La solitude des nombres premiers - Paolo Giordano - Seuil

   Mattia est surdoué mais sa soeur jumelle, Michela est retardée. Partout où il va elle est avec lui et les ricanements aussi ! Un jour, il décide de la laisser attendre seule dans un parc, pendant qu'il se rend à l'anniversaire d'un camarade de classe. Et la vie bascule dans le drame...

Alice boite, suite à un accident de ski dont elle rend son père responsable, puisque c'est lui qui l'a obligée à pratiquer ce sport.

Deux drames, deux solitudes qui vont se rencontrer et lutter pour survivre avec plus ou moins de réussite.

Ce qui frappe c'est d'abord l'atmosphère dramatique de l'histoire (pour moi un peu trop ..trop de noir tue le noir). Le début du roman est vraiment lourd. Peu à peu les enfants grandissent et le lecteur est capté par la façon dont l'auteur raconte les sentiments sans vraiment les dévoiler. Les tourments de l'adolescence sont suivis par ceux de la construction bancale d'adultes pas tout à fait réconciliés avec la vie.

Des extraits :

• Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux.
• Mattia pensa que sa tête n'avait rien d'enviable. Qu'il l'aurait volontiers dévissés et remplacée par une autre, ou pas une boite de biscuits pourvu qu'elle fût vide et légère.
• Le photographe l'aimait bien. (...) parce qu'elle avait une jambe tordue peut-être et n'avait plus de mère, de même qu'il n'avait pas de femme - les absences se ressemblent toutes.
• Il y avait eu cet épisode, et il y en avait eu de nombreux autres, qu'elle avait oubliés, car l'amour de ceux que nous n'aimons pas se dépose à la surface de nos pensées et s'évapore en toute hâte.

mars 2009