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Hélène M
Hélène M
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16 janvier 2014

Le royaume sans racines - Sema Kilickaya - Octavo éditions

royaume"Tout ce qui était frappé du sceau de l'Europe ne pouvait être que prestigieux.  Sinon pourquoi seraient-ils aussi nombreux à se ruer des quatre coins de la Turquie vers ce continent  qui promettait monts et merveilles ? "

Zora est turque. Elle est venue en Europe avec sa famille pour faire fortune, pour trouver tout ce qui lui manquait dans son pays. C'est en France et surtout en Haute - Marne que l'aventure commence. Est-ce que ceux qui sont en france déjà depuis longtemps n'ont pas osé dire la vérité ? Rien n'est vraiment comme ils le pensaient, ni le pays, ni l'accueil, ni le confort. Il faudra travailler dur, accepter l'usine même si les compétences sont autres, apprendre les rudiments d'une langue difficile, s'acclimater sans perdre ses racines. Mais que deviennent les rêves et que sont les racines lorsqu'un peuple se divise et qu'il perd ses repères au milieu des communautés ?

111   111ans

C'est une très belle histoire qui pose des passerelles entre plusieurs cultures. Par les yeux de cette petite fille, Zora, on suit l'évolution, l'intégration de sa famille et de ceux qui l'entourent. On découvre aussi les rapports compliqués entre les communautés, le racisme mais pas seulement, les peurs, les différences ancrées dans la tradition, le déracinement. Toutes les questions sont relevées : la culture, la religion, la place de la femme, l'intolèrance avec beaucoup de sensibilité. Le monde s'ouvre pour Zora avec la maitrise de la langue et les études, sans doute le combat le plus efficace. Pourtant on n'oublie pas les images qui la hante d'un pays qui lui fait honte à l'adolescence puis qu'elle idéalise par ses couleurs, ses odeurs, sa chaleur...Rien n'est simple lorsqu'on doit tout quitter et tout reconstruire.

Des extraits :

  • Il est des souvenirs qui restent vivants toute une existence et qui érodent l'oubli.
  • On pouvait toujours avoir une salle de bain à soi, une maison à soi, cela ne servait à rien si on ne se sentait pas chez soi, dans soi.
  • Quelle humiliation de s'entendre dire qu'on n'était plus à la page, plus dans le coup, plus d'ici. Non contente d'être exilée de son pays, elle était exilée de sa propre langue. n'y avait-il donc aucune certitude ? Force était de constater que la langue, pas plus que le reste, n'était immuable.
  • Je suis née à la lecture comme on naîtrait à la vie.
  • Un livre est comme un océan. on n'en soupçonne pas les profondeurs. Ni ce qui l'agite.

Juillet 2013

Sema Kilickaya est née en Turquie, arrivée en France à 4 ans. Aujourd'hui elle est agrégée d'anglais et ma fille a la grande chance de l'avoir comme professeur d'anglais !

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Commentaires
V
J'ai adoré -que dis-je- dévoré ce roman. Et quelle belle écriture !<br /> <br /> Véro
Hélène M
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